L'invisible - Chapitre 3
J’étais mal à l’aise partout où j'allais. Je me suis toujours sentie déconnectée, en décalage, en marge, pour une raison que je ne pouvais expliquer, ce qui me poussait à tenter de tout comprendre, peut-être pour mieux m’y retrouver. Je découvrais sans cesse le monde autour de moi, je passais beaucoup de temps à analyser les personnes de mon entourage, mais aussi de parfaits inconnus. Je scrutais leurs comportements, leurs gestuelles, leurs regards et autres mimiques, je pouvais ressentir leurs émotions, leurs gênes, leurs colères, ça m’amusait beaucoup : pourquoi se tenait-elle comme ça ? Pourquoi semblait-il mal à l'aise en racontant cette histoire ? pourquoi faisait-il semblant de ne pas nous voir ? pourquoi était-elle embarrassée ou vexée ? Je cherchais des explications à tout, sans arrêt.
Les week-ends, durant les longues heures de repas imposées, avec la famille ou les amis, pendant lesquelles je devais rester assise sans broncher, je pratiquais le même jeu. Je n’avais pas le choix, je devais bien m’occuper : leurs discussions interminables m’ennuyaient. Comme disait mon père : “assieds toi à côté de moi, tu seras près du soleil, si tu bouges tu te brûles !” Il avait un humour qui lui était propre.
En conséquence, je ne bougeais pas d’un pouce et je passais mon temps à analyser chaque visage, chaque réaction. Je ressentais tout : les prémices d’une colère, l'étouffement d’une vexation, la satisfaction d’une réponse cinglante et bien placée, les tentatives de camouflage de telles ou telles réactions, les mensonges, les tensions; j’examinais les sourires complices, les rires forcés, les regards qui se croisaient, génés, les mains qui se frottaient, les yeux baissés, je pensais détenir la compréhension exclusive de cette communication non verbale qui faisait de moi, en quelque sorte, une personne à part, mieux : une espionne ! Finalement, mes premiers films se jouaient ici, j’étais au premier rang, c’était très intéressant et divertissant, je tentais de tout décortiquer pour tout analyser. Ce fût mes premiers cours de psychologie humaine, j’aurais pû prendre des notes tellement les personnes attablées correspondaient à des cas de patientèles complexes et passionnantes. De toute façon, c’était l’unique distraction dont je disposais.
Pendant ces longs repas, les conversations étaient souvent tendues, je crois que mon père adorait ça, être l’initiateur de l’ambiance conflictuelle qu’il cherchait à instiller. Quand les personnes reçues étaient de bords politiques opposés, il me faisait un clin d’oeil complice et lâchait une question liée au gouvernement actuel, ça ne manquait jamais de déchaîner les opinions et passions diverses, le ton montait, les invités se querellaient, il était content de lui, de cette zizanie qu’il provoquait, me rendant un peu son acolyte, moi qui détestais les conflits.
Il avait cet air satisfait de la discorde qu’il déchaînait, ça l’amusait. Bien sûr, il ne manquait jamais de relancer le débat s’il semblait perdre un peu de vigueur et rebondissait sur telle ou telle opinion afin d’en conserver la ferveur. C'était un jeu dont il était l’arbitre et le commanditaire, je crois que c’était ça qui lui plaisait : avoir le contrôle sur les comportements des êtres qu’il recevait.
Ma mère, elle, s’affairait en cuisine, elle réalisait toujours des plats fins et originaux qu’elle dénichait dans des livres ou des magazines de recettes sophistiquées, la table était dressée en conséquence, la vaisselle de mariage et les couverts en argent rutilaient sur la nappe en dentelle blanche. Tout devait être parfait. Les bouteilles de vins étaient soigneusement sélectionnées pour accompagner au mieux les mets, elles attendaient leurs tours sagement, dans la cave à vin, minutieusement répertoriées : les Côtes du Rhône, les Bordeaux, les Bourgognes, les rouges, rosés et blancs, tout cela classées également en fonction des années.
Rien n’était laissé au hasard, c’était une manière de montrer que chez nous, on ne prenait pas les invitations à la légère, et que nous bénéficiions d’un certain standing. Notre maison était décorée avec le plus grand soin, chaque objet, lampe, coussin, plaid, bibelot avait sa place bien définie. Le canapé correspondait aux critères de mode décorative des années 80, dans ce qui se faisait de plus élégant. Les meubles étaient achetés chez des antiquaires qu’ils partaient visiter les week-ends seuls ou avec leurs amis. Notre maison semblait tout droit sortie d'un magazine haut de gamme en décoration, avec moi, assise sur le canapé, ne bougeant pas, ne parlant pas, respirant sans faire de bruit pour ne pas contrarier cette image de beauté absolue. Je faisais partie du décor.
Ma mère était une belle femme, grande et mince, toujours vétue à la dernière mode, de vètements de marques dégotés dans les beaux magasins du centre de Paris. Elle travaillait dans une société située place de la Madeleine, quartier chic, dans laquelle elle exerçait le métier d’assistante de direction. Son bureau possédait un petit balcon qui donnait sur cette magnifique église néoclassique. Elle venait néanmoins d’un milieu ouvrier, sa mère était couturière et son père cheminot. A la suite d’un accident suffisamment grave pour le rendre inapte au travail, il s’était mis à boire. Elle avait 3 sœurs et un frère, elle était la dernière de cette fratrie, et de ce fait, avait vécu la déchéance de son père jusqu’à sa mort alors qu’elle n’avait que 19 ans. Elle s’est faite toute seule, commençant à travailler en tant que secrétaire et gravissant les échelons.
Mes parents s’étaient rencontrés dans la première entreprise pour laquelle ils avaient travaillés tous les deux, ils devaient avoir environ 19 ans. Peu après, mon père partait en Algérie durant 18 mois. Ils se fiancèrent dès son retour. Ils s’aimaient passionnément, ils étaient fusionnels, même si leur relation pouvait être animée de querelles bruyantes et retentissantes, ils finissaient toujours par se réconcilier. Ils formaient un très beau couple, habillés de façon élégante, ayant des métiers à responsabilité, gagnant correctement leur vie, vivant dans une belle maison à la décoration raffinée, et détenant tous les codes de la bourgeoisie. La famille parfaite.
En 1974, naissait ma petite sœur Marilyn, j'avais 8 ans. J’étais très heureuse d’avoir enfin une personne avec qui partager, jouer, discuter et rire. Enfin ! Mais je me suis vite rendue compte que notre écart d'âge ne nous le permettrait pas, je n’avais pas le droit de m’en occuper comme une maman ou même d’aider, sous prétexte de mon jeune âge, et je ne jouais pas aux mêmes jeux, j’étais deja trop vieille. Je n’étais jamais à la bonne place au bon moment. Marilyn était un bébé bien joufflu, avec des cheveux noir corbeaux et des yeux verts, elle riait tout le temps et n’était jamais malade.
Je me souviens d’un jour, je devais avoir 10 ans, ma mère discutait avec deux de nos voisines, à propos de leurs enfants respectifs, quand Chantal fît remarquer :
- On a toujours une affection particulière pour l'aîné, c’est normal, c’est le premier !
Et ma mère, de répondre de but en blanc avec véhémence :
- Ah non !! pas du tout ! je ne suis pas d’accord avec vous !
C’est de ce jour là, au vu de sa réponse catégorique et brutale, que je compris instantanément qu’elle préférait ma soeur, celle qui ne lui avait pas gâché ces jeunes années de femme, comme elle me le reprochera des années plus tard, celle qui n’avait aucun souci de santé. Je n’en étais en rien coupable mais je le paierais toute ma vie.
Ma vie à la maison était triste, lorsque je me remémore cette période là, je me vois dans cette maison sans lumière et seule, identique à la vision que j’avais de ce petit appartement avec moi bébé seul dans son parc. Je crois que cela résume assez bien ce que j'y éprouvais. J’adorais quand mes parents recevaient, ça mettait de l’ambiance, on rigolait mais surtout le seuil de tolérance revêtait une once de liberté que je m’empressais de savourer.
Sinon, il fallait que je disparaisse pour ne pas agacer. Quand je m’asseyais sur le canapé, et que j’avais l’audace de gesticuler, le claquement de langue de mon père me remettait en place, immobile, immédiatement. J’utilise moi-même ce bruit pour mes chiens, aujourd’hui. J’ai finalement peu de souvenirs de mon enfance avec mes parents. Comme si je feuilletais un album photo déjà jauni qui s’évaporait petit à petit.
Quelques fois, un petit court métrage réapparait, comme celui de rester à table plusieurs heures, seule, jusqu’à ce que je finisse mon repas froid, le rendant encore plus infecte. Celui, tenace aussi, lorsque je voyais la voiture de mon père arriver du bout de l’impasse et que la peur me serrait le ventre. Je redoutais ce moment. Dès qu’il rentrait, c’était la crainte de savoir dans quel état d’esprit il serait. C’est lui qui définissait l’ambiance de la soirée, quand il était de bonne humeur, tout le monde devait l’être, et inversement. Il n'y avait jamais de justice, c’est ce qui me déstabilisait le plus. Parfois, je ramenais une mauvaise note et c’était sans gravité, mais le lendemain, j’avais une bonne note et ce jour-là, ce n’était pas suffisant.
S'il n’y avait aucune raison de s'énerver, il en trouvait une. Il pouvait chercher longtemps, mais il détectait toujours la bonne occasion de râler s’il l’avait décidé. Rien n’était jamais parfait, on avait beau tout faire, ce n’était jamais assez.
Mon père avait cette capacité de vous foudroyer par le regard ou par les mots. Il avait un regard noir qui en disait long, percant et menaçant, et verbalement il était cassant, rabaissant et humiliant. Ses mots laceraient comme des couteaux bien aiguisés et broyaient en mon for interieur le peu d’estime de soi qu’il me restait. Ils agissaient comme des fléchettes qui pénétraient mon corps tout entier pour y laisser ses fêlures et ses déchirures incurables. Des mots fracassants qui, au fil du temps, se transformèrent en maux logés au plus profond de moi.
Tous les jours, par le biais de remontrances, d’ironie, de moqueries et d’humiliations, avec des mots choisis et incisifs, sachant pertinemment ceux qui m’atteindraient le plus et ce, même devant un public, il s’adonnait à cette lapidation verbale. Mon cœur, mon ventre, ma tête se fissuraient, craquelaient sous les coups de ses paroles et de son attitude. Lorsque j’osais chuchoter une réaction, on me répondait “Qui aime bien, châtie bien”, ou “tu n’aimes pas la plaisanterie”. L’humour s’installait comme prétexte à ses châtiments formels en me rendant responsable, encore une fois, de cette méprise. Ma sensibilité et ma susceptibilité en étaient donc la cause et permettaient de disculper mon père.
Les conséquences sont terribles pour un enfant en pleine construction, je me sentais sale, inutile, incapable, genante, jamais à la hauteur de leurs attentes et coupable de ressentir de la colère puisqu’àprès tout, ce n’était qu’une blague. J’avais le sentiment d’être de trop, jamais à la bonne place, de les décevoir en permanence, ma présence indisposait, alors j’essayais de me faire oublier, de devenir transparente, invisible. Mon père m’effrayait, l’injustice et la soudaineté du couperet qui tombait me tétanisaient. Dès qu'il rentrait à la maison, je pouvais ressentir son humeur, d'instinct je préssentais la soirée à venir, je sentais sa colère, son irritation monter bien avant qu'elle n'éclate et se defèrle sur nous. Dans ses cas là, je vivais recluse dans ma chambre pour éviter d'être le declencheur d'une avalanche de reproches.
Je me souviens d’une fois ou ma mère s’était faite raccompagnée par une collègue et son mari, faute de train, et pour les remercier, elle les avait invité à prendre l’apéritif. Nous étions tous dans le salon à discuter quand mon père est arrivé. Il ne s’attendait pas à trouver du monde chez lui et surtout il n’en avait pas été informé, ce qui n’était pas tolérable. Il jeta un “Bonjour” glacial, figeant sur place le couple, rangea ses affaires bruyamment pour bien faire comprendre que la situation l’incommodait. Le mari et la femme sont alors immédiatement partis, ayant bien senti qu’ils dérangeaient. Je me souviens avoir eu honte de mon père ce soir-là. Ces réactions m’angoissaient, car d’une part, je ressentais de l’embarras pour les personnes présentes qui s’étaient fait foutre dehors manu militari, et d’autre part, ne jamais savoir comment il allait réagir en rentrant car son humeur était toujours imprévisible et pouvait changer en un éclair.
Il y avait les mots très durs, le ton glacial mais aussi la façon arbitraire d’agir, qui rendait le quotidien déconcertant et insécure. Dès que je voyais arriver sa voiture du bout de l’impasse, l'appréhension et l’angoisse m'envahissaient.
Dans le cas contraire, quand il rentrait le soir de bonne humeur, il fallait que tout le monde le soit, s'il sentait qu'on ne riait pas de ses blagues ou que nous ne nous interessions pas à son sujet, le revirement d'humeur revenait de façon inéluctable, nous devions nous calquer sur lui. De ce fait, je grandissais à l'affut de son tempérament et sur le qui vive continuellement, je me sentais en insécurité absolue.
Est-ce normal d’avoir peur de son propre père censé être une figure de protection ?
J’ai appris très tôt comment ne rien ressentir pour ne rien déclencher, pour cela, j’ai coupé inconsciemment ma tête de mon corps. Je ne ressentais plus les liens de cause à effet. Quand j’avais soif, je gardais cette sensation toute la journée, sans faire le lien avec le fait d’aller boire pour me soulager. Cela peut paraître surprenant, mais c’est une vérité, et qui aura duré jusqu’à aujourd’hui. Je m’interdisais le moindre ressenti, l’émotion la plus minime, je cherchais à m’invisibiliser, j’étais totalement effacée, au premier degré, pour ne pas déranger et ne rien provoquer.
Paradoxalement, pour mes parents, la famille et les amis, je passais pour une enfant extrêmement sage, mais la réalité, c’est que j’avais peur. Peur des propos, du regard, de l’attitude, des pas qui cognaient le sol, de la voiture qui se garait, des portes qui claquaient, du ton qui montait, des clés jetées, de la veste balancée, du silence pesant. Tout cela créait un environnement familial déstabilisant dans lequel je ne me sentais ni à ma place ni sereine, toujours sur mes gardes et en proie à ce qui pouvait tomber. Alors que nos proches, admiratifs de mon calme imperturbable, répétaient que mes parents avaient même réussi mon éducation… La vitrine était si jolie.
Mon père était capable du pire comme du meilleur, car j’ai aussi passé des moments inoubliables avec lui, à l'âge de 15 ans, il m’emmena au concert de Jacques Higelin à Mogador, ce fut un spectacle fabuleux et délirant, j’ai aussi vu avec lui Diane Dufresne dont la voix est tout à fait unique et exceptionnelle ainsi que sa présence scénique; des pièces de théâtre, des comédies musicales etc…Culturellement parlant, j’ai reçu un bel héritage et je lui dois. Il nous aura également fait découvrir la gastronomie, il nous emmenait dans divers restaurants, et nous guidait dans nos choix afin de tester les spécialités et d’être animé par l’envie de tout goûter, d’explorer l’univers culinaire, et nous inculquer les règles de bienséance à table.
Il nous incitait à débattre sur tous types de sujets, même s'il devait toujours avoir raison au final, ces discussions étaient riches car il se documentait et lisait beaucoup, il s'intéressait à tout, il était pourvu d’une grande culture et il nous instruisait énormément. Nous pouvions échanger sur la politique, la musique, la littérature, l’histoire, l’art, etc…Evidemment, il défendait ses arguments et les nôtres étaient systématiquement démontés. Qui nous étions, moi et ma sœur, pour oser proposer un autre avis que le sien ?
Ma mère, quant à elle, avait une personnalité narcissique, toutes les lumières devaient être tournées vers elle, elle devait être le centre de toutes les attentions. Elle excellait dans tous les domaines bien sûr : le travail, la mode, la décoration, la cuisine, son couple, tout. Sa relation avec mon père était fusionnelle, à tel point que je la soupçonnait de le tenir à distance de moi et ma sœur, pour pouvoir l’avoir pour elle seule. Aujourd’hui, j’en suis convaincue.
J’ai toujours été persuadée que ma mère détenait un trouble affectif dû à un manque d’amour dans son enfance, entre les comportements incestueux et l'alcoolisme de son père et les difficultés financières de sa famille, elle avait certainement été marqué au fer rouge, il en résultait qu'elle avait des conduites parfois qui me semblaient inadaptées et déplacées. Quand nous étions avec des membres de notre famille ou des amis, elle avait tendance dans son rire, dans ses manières ou ses discussions, à se conduire comme une adolescente; elle minaudait, séduisait, allumait plus ou moins discrètement, jouait avec ses mouvements de tête, ses cheveux et ses yeux de biche. Je ne peux pas dire que cela enthousiasmait mon père, qui, régulièrement, la remettait en place. Il la canalisait.
Il y avait un vide abyssal entre ma mère et moi. Cette vitre qui nous séparait lorsque j’avais été hospitalisé à l’âge de 8 mois en raison d’une paratyphoïde est toujours restée entre nous. Avec moi, elle n’a jamais été ni maternelle ni affectueuse. Ce n’était jamais le bon moment, je dérangeais toujours, elle travaillait beaucoup et n’avait pas le temps :
- faut toujours que tu demandes ça au mauvais moment !
Je crois qu’en fait, c’était moi le mauvais moment.
Elle mentait souvent, je le voyais, et elle avait le don d’en faire des tonnes, un fait banal prenait une dimension extraordinaire ou dramatique. Elle était toujours dans l’exagération, et elle se victimisait beaucoup. C’était un moyen comme un autre d’attirer l’attention sur elle.
Adolescente, je repetais qu’elle était, à elle toute seule, une véritable tragédie de Racine. En dehors de ces mimiques, ma mère jouait à la perfection le rôle de la mère, la femme et l’épouse parfaite. On sentait cette fragilité pathologique masquée par le rôle qu'elle endossait, c'était un leurre fabriqué à l'instar d'une carapace indéstructible. Ce paradoxe m’a toujours déconcerté, le modèle était friable, ne bénéficiait d’aucune fondation solide et pouvait se désagréger d’un moment à l’autre. Je le ressentais au plus profond de moi, depuis mon plus jeune âge. Elle me semblait inatteignable, je n’arrivais pas à la comprendre, elle était un vrai mystère. Elle aussi était capable du meilleur comme du pire, je pouvais me confier à elle, parler sexualité ou d'autres sujets intimes mais elle pouvait également rentrer dans des crises d'hystéries et des colères fracassantes.
Mon père était fou d'elle, il la mettait sur un piédestal, il l’admirait et l’aimait passionnément, c’était réciproque. Je crois, encore aujourd’hui, qu’il n’y avait pas beaucoup de place pour des enfants. J’entendrais d’ailleurs souvent de la part de la famille ou des amis qu’ils étaient davantage des amants que des parents.
Dans ce contexte familial, on comprendra aisément pourquoi mes grands-parents furent un équilibre fondamental pour moi.